Parmi les bonheurs que seul un chat peut apporter, l’inspiration artistique joue un rôle privilégié. Pour Colette, qui fait de ses chats Kapok, Mini Mini ou One & Only les personnages de ses romans : « Même si l’heure que vous vivez est la plus sombre, vous la changez en lumière si vous êtes inspiré ».

Un talent de révélation créative, un magnétisme apaisant, un rôle de passeur vers un imaginaire parallèle
voilà le pouvoir que les artistes de tous les temps et de toutes les disciplines reconnaissent à leur compagnon félin, plus qu’à tout autre animal. Renoir ne tolère que des chats dans son atelier. Paul Klee et Léonor Fini aussi. Pour Cocteau, le chat est « l’âme visible de la maison », un esprit familier « qui donne vie aux objets ». En cela, il rejoint le romancier Barjavel, persuadé que les chats sont les réincarnations d’êtres humains.
Sujets directs d’une création comme la comédie musicale Cats (1981) ou inspiration discrète dans le long métrage d’Emir Kusturica Chat noir, chat blanc (1998), le chat se prête à toutes les audaces graphiques et photographiques. Dans un album d’anthologie sobrement intitulé « Les Chats », le photographe Yann Arthus Bertrand met en lumière, avec un humour parfois corrosif, toute l’intimité entre le chat et le maître. Un travail à rapprocher des affiches et dessins de Théophile Alexandre Steinlein, portraitiste intarissable de ses amis griffus, hypnotiques et silencieux.

Par leur amour du chat, les créateurs délivrent un message au-delà
des disciplines et des époques : créer est une pure joie et le chat exalte le sens créatif. Quiconque sait capter l’onde énigmatique et inspiratrice du félin vivra des joies sans pareille. Le chat n’inspire pas seulement les grands : il fait grandir l’artiste en chacun. C’est sa griffe, c’est sa grâce.