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Max|mum-leterrarium

Voyage dans les entrailles d’un python

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Voyage dans les entrailles d’un python

Offrez un rat à un python birman de 5kg et attendez. Affamé, il fond sur sa proie. En une fraction de seconde il s’enroule autour de l’animal. Il sert fort pendant un long moment. Le rongeur agité fini par se détendre, mort d’asphyxie. Tout doucement, le reptile se déroule libérant le rat de son emprise. Le gober prend plusieurs minutes; à la fin, le python est droit comme s’il avait avalé un parapluie. On voit alors son corps onduler et une grosse bosse reculer lentement, de la glotte vers la queue de l’animal: le voyage du rongeur commence… Mais que se passe-t-il au juste?



©️ Kasper Hansen and Henrik Lauridsen, MR Research Center, Aarhus University Hospital, Skejby, Denmark and Department of Zoophysiology, Biological Sciences, University of Aarhus, Denmark.

Une équipe danoise de Zoophysiologie s’est posée la question. Pour arriver à leur fin, les chercheurs ont allié deux techniques de scan, une vraie nouveauté. Le résultat est saisissant.



©️ Kasper Hansen and Henrik Lauridsen, MR Research Center, Aarhus University Hospital, Skejby, Denmark and Department of Zoophysiology, Biological Sciences, University of Aarhus, Denmark.
Oui oui, c’est bien, le python birman. Le rat – qui semble s’être lancé dans une petite brasse coulée- est arrivé à mi-parcours, il a rejoint l’estomac. Les formes ovales et rouges qu’on voit à l’arrière sont des œufs. Et, juste en-dessous, si vous y regardez de plus près, on découvre les restes d’un ancien repas. Sûrement des os et des poils pas très digestes…

Une fois la proie dans l’estomac, la digestion peut commencer. Pour arriver à la voir, l’équipe a anesthésié le python 8 fois: une heure avant la petite collation puis 2h, 16h, 24h, 32h, 48h, 72h et 132h après. Le reptile a donc mis cinq jours et demi à digérer le rongeur ! Bon d’accord, les anesthésies multiples ont pu ralentir la digestion mais il fallait bien que le prédateur ne bouge pas pendant la photo !



©️ Kasper Hansen and Henrik Lauridsen, MR Research Center, Aarhus University Hospital, Skejby, Denmark and Department of Zoophysiology, Biological Sciences, University of Aarhus, Denmark.
Impressionnant. Imaginez alors ce que ce sera pour un vrai festin. Car certains pythons birmans peuvent avaler… des chèvres ou des cerfs ! Ce dangereux reptile est un prédateur « sit and wait », sa stratégie c’est : « s’asseoir et attendre » ce qui veut dire qu’il peut attendre un long moment avant de faire un gros repas! D’ailleurs, son organisme le montre: le système digestif se réveille rapidement et les organes s’adaptent à l’arrivée du repas.

Mais le plus stupéfiant, ça reste la qualité des images ! Du jamais vu !



©️ Kasper Hansen and Henrik Lauridsen, MR Research Center, Aarhus University Hospital, Skejby, Denmark and Department of Zoophysiology, Biological Sciences, University of Aarhus, Denmark.
Pour obtenir ces clichés, l’équipe a couplé deux techniques complémentaires : la tomodensitométrie et l’IRM

La tomodensitométrie est une technique très classique (qui n’est pas réservé aux pythons). Très fréquente dans les hôpitaux, elle permet d’obtenir des « tranches » – de crâne par exemple- grâce à un scanner à rayons X. En fait, un faisceau de rayons traverse le patient et on mesure l’absorption des rayons par les tissus : les tissus mous (les organes) absorbent plus les rayons que les tissus durs. Les os sont donc plus lumineux sur l’image. Grâce à la rotation du faisceau autour du corps, on obtient une image à 360° qui permet de reconstruire sur ordinateur des images 2D ou 3D. ( une vidéo bien faite sur ce site)

La seconde technique ? l’IRM : Imagerie par résonance magnétique. Le nom est barbare, mais vous connaissez forcément la machine à IRM: on la voit dans toutes les séries médicales !

Le patient – notre python – s’allonge sur une longue table qui glisse à l’intérieur d’une machin en forme de tunnel. Et là, si on veut de belles images, il ne faut surtout pas bouger. Le corps est alors soumis à un puissant champ magnétique. Celui-ci va agir sur les atomes d’hydrogène, présents en très grand nombre dans notre corps. Ces atomes tournent sur eux-même pèle-mêle mais, sous l’influence du champ magnétique, ils vont tous s’aligner (vidéo explicative ici). Lorsqu’on interrompt le champ, les atomes vont peu à peu retrouver leur position d’origine, tout en émettant de l’énergie. Selon le tissu, ce « retour à la normale » va prendre plus ou moins de temps. D’où une différence d’émission d’énergie qu’on observe sur l’image. Comme pour la première méthode, on obtient des « coupes » qui permettent de reconstruire des images en 2D ou 3D.

Voilà une technique très efficace pour l’étude des tissus mous qui contiennent beaucoup d’eau (et donc beaucoup d’atomes d’hydrogène). Les contrastes sont meilleurs qu’avec la tomodensitométrie. Par contre, l’IRM est moins efficace que la tomodensitométrie pour les os car ils renferment peu d’hydrogène. Voilà donc un couple idéal ! Précis, l’un pour les os, l’autre pour les organes.

A quand le léopard, la chauve souris, le scorpion et la grenouille? Les chercheurs n’ont pas attendu! Ils se sont déjà lancés dans d’autres investigations: alligator, tortue, tarentule et grenouille ont déjà eu droit à un scanner grande classe comme les vrais patients d’un hôpital. Les images sont tout aussi époustouflantes, aussi bonnes que celles des livres d’anatomie. Meilleures même selon les chercheurs. Eh oui, on évite les erreurs d’observations liées au dissection (comme les poumons de la tortues qui s’effondrent lorsqu’on ouvre la carapace) et puis, c’est pratique, on peut réutiliser le même animal encore et encore. Enfin, détail non négligeable : on ne tue pas l’animal.



©️ Kasper Hansen and Henrik Lauridsen, MR Research Center, Aarhus University Hospital, Skejby, Denmark and Department of Zoophysiology, Biological Sciences, University of Aarhus, Denmark.
Pauline de Wurstemberger

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Wow, vraiment très intéressant comme technique, la qualité des images est magnifique!

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